Temps couvert

Regarder est banal, mais voir est un événement – un événement dont Perrine Lievens a fait la chose la plus délicate qui soit. Car c’est l’instant de voir qui hante la réflexion de l’artiste sur la perception de la forme dans l’espace : c’est la prise instantanée d’une forme dans le ciment granuleux du regard qui constitue la matière impalpable d’un travail plastique voué à matérialiser cet événement fugace et insaisissable dans des formes qui, elles aussi, sont instables et éphémères. Jusqu’où peut-on aller dans la fragilisation d’une forme tout en la conservant ? Comment atteindre et fixer ce point précis qui précède l’instant où elle se dérobe ? Comment maintenir cet état gazeux ou liquide de l’instant où la forme s’envisage – dans cette infime fraction de temps où elle donne à voir autre chose que ce qu’elle montre ? Telles sont les questions que Perrine Lievens met à l’épreuve de ses mains, roule entre ses doigts, esquisse sur le papier dans l’atelier de ses pensées, silencieuses et confuses mais tenaces dans leur quête d’une formulation plastique. La limite s’appréhende comme une vibration et le risque pris est toujours celui de la disparition, comme en témoigne l’évanouissement consécutif à leur façonnage dans le réel de nombre de ses œuvres, dont Temps couvert : un nuage en barbe-à-papa filandreuse posé très simplement sur des tréteaux, l’instant d’une photographie.

François de Coninck

500

Impression numérique aux encres pigmentaires sur papier Hahnemühle Photo Rag Fine Art 308g.
Format papier 70 x 55 cm. Une édition limitée, numérotée et signée de 30 exemplaires + 2 E.A + 2 H.C.