Tarabusté par la question des rapprochements – les rapprochements intellectuels des pensées comme les rapprochements physiques des corps, et tous les joyeux entremêlements auxquels ils nous invitent dans leurs jeux – Miller Levy a la main baladeuse quand il s’empare de son crayon. Un crayon à la pointe d’érotisme bien taillée, qu’il aime à tremper dans l’eau trouble d’un fantasme vieux comme le monde : entre l’homme et la femme, on aimerait tant que ça s’emboîte parfaitement – à dessein. Mais en abreuvant notre regard, l’artiste nous rafraîchit la mémoire : une énigme irrésolue hante le rapport sexuel et se glisse sans cesse entre les corps, dans les projections dont on les (dés)habille comme dans les interstices de nos pensées secrètes à leur endroit. Si toute tentative de mise en équation formelle du rapport entre les sexes est ainsi par avance déjouée, notre œil trouvera toujours, dans cet érotisme subtil, de quoi étancher sa soif – une érotique du regard comme l’eau de consolation ?
François de Coninck